mercredi 14 octobre 2015

Monsieur le Ministre d'Etat, Monsieur le Président, Excellence, bonjour

Maman le petits bateaux ils sont gros


A force de sortir sur le balcon dans la fraîcheur du petit matin, on tombe malade. Vaut-il mieux attraper un rhume à Monaco ou un rhum à la Réunion ?

Je croise Hou Yifan et sa mère au petit-déjeuner, comme j'ai une information à lui demander, je me dirige vers la jeune chinoise. Puis je me ravise, et m'abstiens de la déranger, ce serait malpoli. Je la verrai ce soir, chez le Ministre d'Etat.

Dans le lobby, j'ai croisé, la veille au soir, le Président de l'European Chess Union (ECU), le Grand Maître géorgien Zurab Azmaiparashvili, accompagné de Willy Iclicki. Ils rentrent de l'Assemblée de l'ECU, et m'apprennent que la France n'était ni présente, ni représentée. Voilà encore un domaine abandonné par l'équipe fédérale. Un chantier de reconstruction de plus pour la prochaine équipe.

Revenons sur Willy, j'aime beaucoup ce personnage. Il est présent partout : un jour trésorier de la Fédération Internationale, le lendemain Directeur de campagne de "Azmaï" pour la présidence à l'ECU, aujourd'hui arbitre FIDE, membre de la commission d'éthique et de la commission constitutionnelle.

Willy est à gauche sur la photo, au dessus du photographe
votre serviteur au centre, les joueuses, puis le Ministre d'Etat, 
et le Président de la fédération Monégasque

Willy est citoyen belge, il rentre d’Israël, licencié à la fédération du Liechtenstein, il joue en France pour le club de son ami Jean-Claude Moingt, à Asnières. En août 2014, il a été nommé conseiller du Président Kirsan Illiumzhinov pour les questions européennes. Il est le co-fondateur de l'Association des Petits Etats, il a organisé des tournois à Monaco... entre autre.

Deuxième jour de repos donc. Visite chez le Ministre d'Etat. C'est le numéro un du gouvernement, l'équivalent de notre 1er ministre.
Nous arrivons au Palais du Gouvernement sous la pluie. Un monsieur nous ouvre le portail, un autre ouvre la porte, un troisième prend nos parapluies, un quatrième les manteaux, un cinquième nous invite à monter. Un sixième nous oriente vers la droite en haut des marches, et un septième nous suggère d'aller jusqu'au salon ... vide. J'étais dans le premier taxi. Petit à petit, des présidents, des directeurs, des excellences, des ministres entrent dans les salons du Palais. Il y a même des joueuses.


Son excellence Kirsan Ilioumzhinov, Président de la Fédération Internationale. Alexandra Kosteniuk (championne du Monde 2008), son excellence Michel Roger, Ministre d'Etat de la Principauté de Monaco, Hou Yifan (Championne du Monde 2010, 2011, 2013), Antoaneta Stefanova (Championne du Monde 2004) et Mariya Muzychuk (Championne du Monde 2015)

Andrey Filatov, milliardaire russe, me tend la main. Je la secoue très fort, avec l'espoir, hélas déçu, de voir tomber quelques billets.

Les premières présentations sont faîtes. Les bavardages légers commencent. Personne n'ose toucher aux petits fours. Les boissons ne vont pas tarder.
J'enlève le pin's du Grand Prix Féminin de Monaco pour le montrer à mon voisin. Kirsan, voyant que mon revers de veston est vierge, demande à son bras droit de lui passer un pin's doré de la FIDE, et il tient à me l'attacher lui-même, car il est très attachant.

Officiellement décoré par son excellence Kirsan Ilioumzhinov, 
Président de la Fédération Internationale des Échecs

D'accord, c'est juste un pin's, mais ne le dîtes pas à mes parents, je leur ai fait croire que c'est une vraie médaille.
Le lendemain, c'est le président de l'European Chess Union qui admire mon pin's du Grand Prix Féminin. Il demande à Willy Icliki de lui passer un pin's de l'ECU, et je demande à Willy d'immortaliser ce moment historique dans les salon du Casino.


Encore deux ou trois compétitions de de haut niveau, et je vais ressembler à un général de l'armée rouge.

Mais revenons au Palais du Gouvernement où les boissons et les discours sont arrivés. Je profite du relâchement de la tension pour m'approcher de Hou Yifan et sa maman, et leur demander des informations sur leur club d'échecs à Beijing (Pékin) pour C. Alors qu'elle commence à me répondre, un fâcheux vient l'interrompre pour prendre une photo.


Elle s'excuse, se prête au jeu, puis la championne revient finir notre conversation. Elle prend mon e-mail pour m'envoyer un complément, après le tournoi. Elle vérifie mon adresse ... Escafle ? c'est ça ? Euh presque, ... je lui écris en majuscule. Je les remercie toutes les deux (la mère de You Yifan a créé ce club).
Ljubomir Ljubolevic nous rejoint à la fin de nos échanges, il est bien élevé.

C'est l'histoire d'une chinoise, d'un yougoslave et d'un français chez le ministre... vous la connaissez ?


C'était en 1978 à Paris, Ljubojevic était alors Champion de Yougoslavie, la 2e nation échiquéenne de l'époque, derrière l'URSS. Il joua une simultanée à la pendule (même temps que chaque adversaires !) contre l'équipe de France, qu'il remporta 6-0 !
Quelques semaines plus tard, la Yougoslavie jouait la France aux Olympiades de Buenos Aires. L'équipe de Ljubo fit match nul ... incroyable. Et, ... blague de la meilleure joueuse du Monde : "Monsieur Ljubojevic, vous auriez du jouer en simultanée aux Olympiades !"
D'accord, ce n'est pas la meilleure blague du monde, mais entendre au Palais du Gouvernement de Monaco, une chinoise faire aune blague à un serbe au sujet de l'équipe de France, c'est un plaisir à lui seul.

Comme il a entendu des rires, Geoffrey Borg s’immisce. Il me provoque en me demandant si je parle chinois. Je lui dis les trois mots que je connais : 您好 (bonjour) et  谢谢 (merci) mais que je prononce tchiéchié au lieu de chiéchié. Geoffrey ne me rate pas, et me corrige devant ces dames. Je lui dis alors que je connais un troisième mot indispensable en chinois : 這 該 (prononcez "Zhè gāi"). Hou Yifan confirme que c'est très important. Je me venge du Chief Executif Officer de la FIDE (ce qui n'est pas très malin) et ajoute que je l'utilisais dans tous les restaurants à Beijing. Hou Yifan lui donne la traduction "Ce qui est là"... je fais le geste de désigner un plat sur un menu en répétant 這 該 .

A propos de nourriture, tout le monde complimente Bachar Kouatly, Grand Maître et patron d'Europe Échecs, sur sa silhouette. Il suit un régime assez strict et il s'y tient (moins 13 kg pour l'instant). Bravo. Ljubo rappelle que Fischer avait perdu 11 kg lors de son match de 1972 alors qu'il était un athlète : boxe, natation,... et chacun de raconter que les échecs sont un sport violent.
Je suggère donc à Willy que nous montions un business basé sur des cures : maigrir à l'aide du jeu  d'échecs. Il opine, et ajoute : "Avec Bachar comme mascotte". 

La soirée se termine gentiment. Nous quittons le Palais et prenons un taxi. Je suis assis à l'avant, et j'explique au chauffeur que les deux personnes assises à l'arrière qui parlent russe sont espagnoles. J'essaie de lui vendre un peu le tournoi, et l'incite à venir au Casino. J'avais oublié que les monégasques n'ont pas le droit de jouer au Casino. Mais il peut venir sans jouer.

Le lendemain, le M. Roger, toujours Ministre d'Etat, vient lancer la ronde.


Je surveille qu'ils ne fassent pas de bêtises. J'avais du re-régler la pendule de Magnus Carlsen (n°1 mondial) suite à l'intervention d'un ministre norvégien, aux dernières Olympiades. Mais les monégasques sont très pros. Je reste en retrait pour ne pas apparaître sur les photos officielles prises en face, mais Françoise Bressac qui passait par là prend une photo de côté. Merci à la Présidente du comité départemental des Alpes Maritimes.

Mais qui est sur la photo ?
de droite à gauche : J.-M. Rapaire, Président de la Fédération monegasque. M. Michel Roger, Ministre d'Etat, Kirsan Ilioumzhinov, Président de la fédération internationale des échecs, et ... Marius Vizer, Président de la Fédération Internationale de Judo !
On vous a dit que les échecs sont un art martial.

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Merci de votre attention.
Demain, nous découvrirons qu'il est plus facile de trouver une banque qu'une pharmacie à Monaco.

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